23/ Du coté de chez papa (enfin!)

Publié le par Carole et Philippe

Bonjour,
Après avoir pris du temps et peut être du recul, je me décide à écrire, à m'exprimer.
Tout d'abord j'aimerais rendre hommage à ma femme pour avoir crée ce blog, d'avoir si bien parlé de notre fille et par la même occasion d'avoir utiliser l'outil informatique comme thérapie, une réussite, bravo.

Depuis longtemps, je désirais écrire sur ma fille Abigaël, mais ce n'est pas si facile d'exterioriser ses sentiments et surtout par où commencer.
Je commencerais donc par un grand cri de douleur, ce cri de rage pour dénoncer l'injustice, cette injustice qui frappe tous ces enfants malades.Pourquoi? Je ne pensais devoir de sitôt me rendre à ce cimetière près de chez nous, surtout pour se receuillir auprès d'un enfant, c'est horrible, je ne pensais pas pleurer autant.
Aujourd'hui, je me retrouve dans un paradoxe puisque je me demande si Abigaël a vraiment éxisté tellement la progression de la maladie fut rapide et la mort si vite (trop vite) arrivé. Déjà 2 mois qu'elle n'est plus à nos cotés, le temps s'écoule rapidement et pourtant j'ai l'impression qu'elle n'est partie qu'hier!
Pas le temps "d'appècier" à sa juste valeur d'avoir un 2éme enfant, que nous voilà au CHU de NANTES, accablés par le terrible diagnostique de la maladie d'Abigaël.
Sur toute la période de son hospitalisation, j'ai des regrets, regret de ne avoir pu être aussi présent que ma femme auprès de notre fille. Pourtant rester toute la journée à l'hopital n'est pas une partie de "plaisir", on vit au ralenti, c'est ereintant et on est impuissant, on a l'impression du coup d'être inutile,. Alors quelque part au boulot on est dans un certain confort, c'est culpabilisant. Comment faire pour être aux cotés de ma fille et en même temps assurer un maintient financier nécessaire, car en France, les 2 parents ne peuvent pas se mettre en congés parental en même temps tout en recevant une indemnité équivalente à nos salaires! Parler argent peut paraître déplacé voire tabou mais j'ai horreur de l'hypocrisie, on en a besoin, au moins un minimum.
Des regrets aussi lors des résultats d'examens d'Abigaël sur Saint Nazaire, ma femme s'est retrouvée seule, très seule face au néant, car perdue. En effet, la veille des résultats (c'était un lundi) je demande à mon boss si je peux prendre mon mardi pour accompagner ma femme à l'hôpital, refus car trop de boulot....comme par hasard je suis "indispensable", c'est bien la 1ère fois de ma vie que ça m'arrive!! Bref, toujours est il que j'obéis, car si je passe outre quelles seront les conséquences? Vu la gravité extrême de la maladie d'Abigaël et la solitude de ma femme, mon devoir était d'être à leur cotés, encore une fois je culpabilise surtout quand ma femme me le fait remarquer, c'est dur, très dur, j'aimerais qu'elle me comprenne, qu'elle comprenne la situation dans laquelle je me trouvais au sein d'une entreprise privée à un poste quelconque sans responsabilités. Si c'était à refaire je ne tiendrais pas compte du refus de mon superieur, tant pis pour les conséquences!!
J'ai également envie de parler des derniers instants de notre fille parceque j'ai encore en  mémoire la vision de ma petite puce en train d'essayer de prendre son souffle, se contractant pour respirer, de lutter de toutes ses forces pour vivre, cela me fait comme un traumatisme car je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Je n'arrivais pas à croire que le moment fatidique se présentait là maintenant, nous paniquons et par téléphone le médecin du CHU nous aide, le lendemain matin (14 avril 2008) une équipe du CHU se déplace (merci encore à toute l'équipe) et nous rassure sur la serinité d'Abigaël, cela fait "moins mal" mais pas suffisant malheureusement, Abigaël s'en est allée.
Comment vivre après un tel drame? le quotidien nous rattrape, il faut s'occuper de l'ainé Alan qui nous tire vers le haut, on se serre les coudes et on se remonte le moral.
On réagit evidemment différemment, car je n'éprouve pas le besoin d'aller tous les jours au cimetière, c'est pas mon "truc" et je me demande si je ne suis pas un monstre parceque je ne fais pas comme tout le monde? mais j'ai droit à la différence et je me souviens de ma fille à Ma manière. Je ne peux l'oublier, comment pourrais je? Seulement ce qui me fais peur c'est qu'il y a des choses qui m'échappe, qui ne reste pas en mémoire.
Une dernière remarque qui m'ait apparue on coupant la haie!!!!, justement on refait des choses "normales", je veux dire que le quotidien reprend et ce n'est pas parcequ'Abigaël est partie que la vie s'arrête, on contraire pour moi la vie s'est suspendue au début de sa maladie comme dans un film ou tout d'un coup on passe au ralenti une certaine scène sans son, et après hop le rythme reprend un cours normal, en se demandant ce qu'il s'est passé. ce qu'il s'est passé?, c'est simple la vie s'est arretée pour Abigaël mais que j'ai beaucoup aimé les moments passés avec toi, sache que je t'ai aimé très fort, je t'aime très fort et je t'aimerais très fort, tu as été formidable.
Ton papa
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S
je viens sur votre blog par l intermédiaire de celui de sandrine maman de maeva, que je suis de tres pres, et aujourdhui j ai choisi de visiter un peu les blogs qu elle a mis en lien.<br /> <br /> je suis ravie de voir un homme enfin poser ses mots, poser son mal, poser ses maux en mots.<br /> trop de couple vivent leur mal chacun de leur coté, chacun ayant son aml qui le détruit a petit feu, chacun ayant son mal qui l empeche de communiquer, chaucun reprochant à l'autre de ne pas vivre la meme chose, et pourtant chacun vit le meme amour pour la meme personne. souvent au lieu de rassembler, le mal de nos enfants nous éloigne et c'est très dur de trouver la force de dire stop et de communiquer<br /> alors aujourd hui en lisant vos mots, le coeur empli de douleur, mes yeux larmoyant car vos mots touchent et surtout que vous êtes un homme, homme qui enfin sur un blog ose les dire, alors oui je suis ravie de votre article, oui je trouve le sourire car vos mots apaisent les tensions que chacun peut ressentir.<br /> je tenais juste à vous témoigner de la sympathie, vous remercier pour votre force de ce jour d'écrit<br /> je vous adresse des milliers de "couragions" (mon nouveau mot du jour : des ions positifs courageux :) )pour la suite de votre chemin
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S
Moi aussi, je suis trés touchée par vos paroles. Je trouve cela si humain, d'avoir le courage d'écrire vos larmesn vos culpabilités, vos regrets, vos peurs, ... courageux de la part d'un homme, d'un papa qui pense souvent devoir tout cacher pour conforter sa femme.<br /> Je crois que chacun se sent seul (un a l'hôpital et l'autre loin de son enfant), chacun a sa part de culpabilité, chacun ressent à sa façon les choses. Le combat dans la maladie est dur pour tous et marque notre vie à jamais.<br /> Courage à vous 3 pour la suite
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F
bonsoir, <br /> <br /> ça m'a fait du bien de vous lire; mon mari ne s'exprime pas beaucoup sur l'absence de Damien. Mais à travers votre témoignage, je comprend certaine chose. Lui par contre a eu de la chance, il a un patron super compréhensif qui lui avait dit tout de suite:"occupez-vous de votre fils et soyez auprès de votre femme." Hervé, mon mari a pu s'arrêter plusieurs semaines sans perdre de salaire. ensuite il a senti le besoin de reprendre le travail. J'ai continué à m'occuper de Damien et ma maman à pris le relais de mon mari pour que je me sente moins seule à l'hôpital. Notre combat a durée 3 ans, alors c'était une organisation différente. Mais il a toujours pu m'accompagner pour les prises de décision importante. Pour le cimetière, c'est pareille; mon mari y va souvent le dimanche, seul et moi j'y vais en fonction de mes besoins. Nous n'y allons jamais ensemble, nous n'y arrivons pas, enfin plus. et puis c'est un moment que nous nous accordons pour nous sentir proche de notre fils. je sais qu'il lui parle beaucoup, moi je n'y arrive pas.<br /> C'est vrai les hommes et les femmes sont très différents. Nous souffrons tous, mais nous ne ressentons pas cette souffrance de la même manière.En tout cas, je suis contente d'avoir pu vous lire et comprendre ces sentiments dans votre témoignage de papa. Merci à vous d'avoir oser les exprimer.
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I
Merci ! Merci d'oser dire ce que les papas ressentent , votre témoignages est très touchant . Quand je vos lis je suis sur maintenant que le papa d'Eva ressent la même chose Non vous n'avez pu être là tous les jours mais il fallait assurer les fins de mois et l'avenir , oui c'est dur d'être à lhôpital tous les jours mais c'est encore plus dur d'être loin ... Votre courage de papa est semblable à celui d'une maman .<br /> Comme vous le dites on se surprend à refaire les choses comme "avant" , pas facile ! <br /> <br /> Merci pour vos paroles , j'espère que d'autres papas vous liront et qu'ils oseront à leur tour .<br /> <br /> Et puis , même si plus rien n'a le même gout je vous souhaite quand même une bonne des pères.<br /> <br /> Ingrid
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V
Bonsoir<br /> Je suis trés émue par votre témoignage,surtout en cette journée de la fête des pères. Vous êtes un papa formidable. Cela fait 10 mois que notre petite fille est partie, et je retrouve à travers votre récit, les doutes et les difficultés que nous avons rencontré également pendant les six semaines de combat de Flavie.<br /> Valérie
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